Septembre parle de rêves

C’est drôle comme la rentrée nous donne envie de tout recommencer, de tout réorganiser ! Il y a quelque chose de grisant dans l’air, pas vrai ? On a fait le plein de chaleur, de lumière, de moments partagés… et nous voilà rechargés, prêts à accueillir ce qui vient.

De mon côté, l’été m’a portée vers le Nord. J’ai eu la chance de passer quelque temps en Suède, chez Alex, qui est devenu un ami cher et dont le parcours m’a profondément inspirée. Et comme cette rentrée me donne envie de partager les rencontres qui m’ont touché, qui m’ont nourrie, j’ai choisi de commencer cette première lettre de la saison en vous racontant son histoire.

Après des années à naviguer, traversant l’océan Atlantique à plusieurs reprises, Alex fait escale en Amérique du Sud où il passe 8 années auprès de quelques Taitas – gardiens des traditions ancestrales liées à l’ayahuasca – pour apprendre. De ces Hommes-médecine, des autres, des plantes, et finalement de lui-même. 

Alex est né et a grandi en Lettonie (non, non, pas en Lituanie, mais en Lettonie – aime-t-il à rappeler). Il y a quelques années, la Suède est devenue son port d’attache, lorsque ses parents ont choisi d’y vivre à la recherche d’une meilleure qualité de vie. Ce pays est devenu le sien, aussi. Ici, il a choisi d’y réaliser son rêve.

Alex parle letton, russe, anglais, suédois, et espagnol. Mais sa langue favorite reste… le conte. Il raconte des histoires. Des histoires de Viking.

Lorsqu’il a posé ses valises à Stockholm, il a commencé à travailler dans un musée en tant que guide. Et puis rapidement frustré de ne pas pouvoir partager davantage avec les visiteurs, il a décidé de créer sa propre entreprise. Quand on lui a demandé ce qu’il comptait faire, il a simplement répondu : « Je vais raconter des histoires. »

Et c’est ainsi qu’est né le “Viking Walking Tour” : une déambulation théâtralisée et interactive dans le cœur de la ville. Alex est un Viking. Il grogne, il braille, il aime se battre, il mange beaucoup et en met PARTOUT, mais c’est aussi un grand sensible, loyal et lumineux. Il est LE personnage central, le héros de son propre conte. Très vite, sa visite est devenue la plus plébiscitée de Stockholm, jusqu’à apparaître dans de nombreux journaux locaux.

Et comme toute bonne histoire, la sienne se termine avec une autre. À la fin de son tour, Alex partage le récit de Kartiki, une amie indienne, guide touristique elle aussi. Un jour, alors qu’elle menait un groupe, elle aperçoit un homme dans la rue, tenant par la main… la trompe d’un petit éléphant. Elle comprend instantanément. Elle appelle son employeur et lui dit : « Je dois suivre cet homme. Je sais qu’il va m’aider à réaliser mon rêve. ». Son employeur, saisi par la force de sa voix, la laisse partir. 

Kartiki a reçu un Oscar pour son documentaire Les Chuchoteurs d’éléphants. 

Alex laisse flotter un instant de silence. Sourire aux lèvres.

Alors, si un jour votre chemin vous mène vers le Nord, passez faire un coucou à Alex. Il vous accueillera comme si vous étiez de sa famille. De sa tribu. Sur l’île de Gamla Stan, guidez-vous au son de la guimbarde, vous le trouverez certainement : en tenue d’époque, à déconstruire les croyances des voyageurs au sujet des vikings et invitant chacun — petit et grand — à suivre ses rêves.

Son parcours m’a rappelé quelque chose d’essentiel : cette période n’est pas forcément celle des objectifs à rallonge ou des agendas surchargés. C’est peut-être, au contraire, un moment pour écouter, recevoir, laisser émerger, écouter nos mondes intérieurs. Rêver !

Alors, oui, c’est la rentrée. Et si on en faisait une fête douce, un tremplin joyeux pour se réinventer, repenser nos routines… et simplement suivre nos rêves ?